M. Guillaume CARON
Soutiendra mercredi 10 décembre 2025 à 9 h
Salle des Actes n° 009 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences de l’éducation
Titre de la thèse : Dispositifs d'aide, d'entraide et de tutorat entre élèves. Vers des expériences à potentiel émancipateur dans des collèges d'éducation prioritaire ?
Composition du jury :
- M. Sylvain CONNAC, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
- Mme Caroline HACHE, Maîtresse de conférences habilitée, Aix-Marseille Université
- M. Laurent LESCOUARCH, Professeur, Université de Caen Normandie
- Mme Liliane PELLETIER, Professeure, Université Lumière Lyon 2
- M. Patrick RAYOU, Professeur émérite, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
- M. Bruno ROBBES, Professeur, Cergy Paris Université
Résumé de la thèse :
Les pédagogies coopératives font actuellement l’objet d’un intérêt particulier en collège comme moyen de mieux prendre en compte la diversité des élèves, pour prévenir le dé- crochage et comme réponse possible aux problématiques liées aux déterminismes sociaux à l’école. Elles pourraient ainsi être une piste pour favoriser l’émancipation des élèves, finalité inscrite dans la loi de refondation et de programmation de l’école de la république. L’histoire de ces pédagogies, et de la coopération au sens large, porte en elle cette reven- dication d’émancipation pouvant parfois laisser penser que coopérer impliquerait presque nécessairement d’atteindre cette finalité.
Cette étude s’intéresse à 3 modalités de coopération entre élèves souvent activées dans les mêmes temps d’apprentissage : l’aide, l’entraide et le tutorat. Si les recherches exis- tantes autour de ces dispositifs ont mis en lumière des intérêts réels susceptibles de profiter aux élèves, elles pointent néanmoins différents types de risques auxquels ils pourraient être exposés, particulièrement les plus fragiles socialement. À partir de cette tension, cette recherche vise à comprendre pour quelles raisons et à quelles conditions ces dispositifs pourraient favoriser les expériences à potentiel émancipateur chez les élèves. Nous éprou- vons les hypothèses selon lesquelles ces modalités de coopération pourraient favoriser les postures d’auteur de leurs apprentissages chez les élèves ainsi que des expériences proso- ciales et de sortie des déterminismes, mais que cela nécessiterait différentes précautions en termes d’organisation pédagogique.
Ces travaux en pédagogie s’inscrivent dans une démarche de recherche qualitative à visée compréhensive. Le terrain d’enquête est constitué de 3 classes de collèges de l’aca- démie de Lille, situées en éducation prioritaire. La méthodologie par triangulation choisie s’appuie sur des observations de classes avec prises de vues vidéo et captations audio. Les supports ainsi obtenus permettent la conduite d’entretiens « hybrides », à la fois semi- directifs et d’auto-confrontation, menés auprès des élèves et des enseignants. Les données sont complétées par des sociogrammes adaptés. En tentant de comprendre les choses à travers ce que disent les acteurs qui les vivent et qui en ont conscience, cette approche s’inscrit donc principalement dans une logique phénoménologique.
Les résultats font apparaître que si l’aide, l’entraide et le tutorat offrent des oppor- tunités de prises de pouvoir localisées aux élèves, elles n’ont rien de systématique et nécessitent de s’appuyer sur un réseau de précautions pédagogiques qui constitue l’intérêt social principal de cette recherche.
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Cooperative pedagogies are currently attracting particular interest in the middle schools as a means of better addressing student diversity, preventing dropout, and providing a possible response to issues related to social determinism in education. They may thus represent a pathway to foster student’s emancipation, a goal wish is enshrined in the Law to refound and plan the Frenche Repubic’s school system. This claim of emancipationis carried within the historical background of these pedagogies and more broadly of coope- ration, which sometimes leads the assumption that cooperation almost necessarily entails achieving such an outcome.
This study focuses on three forms of peer cooperation frequently mobilized during learning activities : help, mutual aid, and peer tutoring. While existing research on these practices has highlighted genuine benefits that may support students, it has also pointed out various risks to which students (particularly those who are socially most vulnerable) may be exposed. Based on this tension, the research aims to understand why and which conditions these practices might foster emancipatory experiences among students. We tested the hypotheses that these cooperative modalities means promote students’ sense of authorship in their learning, as well as prosocial experiences and pathways out of social determinism, but that such outcomes required a range of pedagogical safeguards.
This research in pedagogy adopts a both quality and interpration-based approach. The aera underscrutiny dealt with three middle school classrooms within Lille academy, all located in priority education areas. The chosen triangulation methodology relies on classroom observations supported by video and audio recordings. These materials enabled the conduct of “hybrid” interviews—both semi-structured and self-confrontational—with students and teachers. The data were further enriched by adapted sociograms. By seeking to understand phenomena through the voices of those who experience and reflect on them, this approach is primarily grounded in a phenomenological perspective.
The outcomes show that while help, mutual aid, and peer tutoring create student-based opportunities to exercise agency, such opportunities are by no means systematic and must be supported by a network of pedagogical safeguards. This requirement constitutes the main social contribution of the study.