Appel à communication 12ème Colloque international d’ISKO-France

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Appel à communication 12ème Colloque international d’ISKO-France

Données et mégadonnées ouvertes en SHS : de nouveaux enjeux pour l'état et l'organisation des connaissances ?

Organisé conjointement par le Chapitre Français de l’ISKO et l’équipe de recherche Lerass-Ceric de l’Université Paul-Valéry, Montpellier 3.

Lieu du Colloque : Université Paul-Valéry, Montpellier 3

Dates : 9-11 octobre 2019

Le chapitre français de l’ISKO a comme préoccupation majeure depuis sa création en 1996 la question de l’organisation des connaissances. Cette thématique a été traitée sous l’angle des structures d’organisation, des outils techniques de médiation mais aussi des formes et processus de partage des connaissances. Le douzième colloque d’ISKO-France abordera l’organisation, la classification et la gestion des connaissances en choisissant, comme point d’entrée, les données massives.

L’explosion des données a provoqué ce que certains considèrent comme de véritables mines d’or. Les données, lorsqu’elles sont traitées et organisées, permettent effectivement d’évaluer des ensembles d’activités humaines présentes sur le web. Depuis l’avènement du web social, les traces numériques “forment [en effet] une ‘matière première’ particulièrement profitable [...]”[1]. Les réflexions liées à l’ouverture, la communication, l’appropriation et la ré-exploitation de ces données sont des questionnements transversaux pour l’ensemble des acteurs socio-économiques concernés. Par ailleurs, aucun secteur d’activité n’échappe à cette effervescence. Les mégadonnées sont ainsi considérées comme des vecteurs d’une nouvelle révolution numérique qui impacte le développement socio-économique et politique de la société actuelle : la santé, le transport, l’énergie, l’innovation et le marketing, ou encore les politiques publiques par exemple. De nouvelles méthodes d’analyse et outils sont mobilisés pour exploiter ces données, l’équilibre entre “entre innovation et précaution”[2]étant fragile, entrainant avec eux un certain nombre d’interrogations et d’enjeux, notamment éthiques.

Les mégadonnées sont aujourd’hui une préoccupation centrale du monde de la recherche, en témoigne l’édition scientifique récente, les ouvrages, revues et colloques étant légion sur le sujet. Il devient ainsi difficile d’échapper auphénomène data quels que soient les thématiques ou objets de recherche, car il affecte directement les pratiques des chercheurs. Les injonctions se multiplient pour l’ensemble des acteurs des sciences, qui doivent prendre en compte toutes les étapes du cycle de vie des données, depuis leur création ou leur collecte, leur traitement, leur conservation, jusqu’à leur exploitation. La mise en œuvre de plans de gestion des données est devenue indispensable pour espérer obtenir un financement, en raison notamment de l’incitation à ouvrir les données de la recherche. Les problématiques liées à ces dernières sont donc multiples et complexes.

Néanmoins, la collecte des données, leur traitement comme leur diffusion fournissent des terrains d’étude et de réflexion tout à fait fructueux pour les chercheurs, particulièrement en sciences de l’information et de la communication. En effet, des questions de plusieurs ordres sont soulevées qui pourront être l’occasion de communications et débats dans le cadre du douzième colloque d’ISKO-France. Le comité scientifique invite donc à proposer des contributions originales sur les données et mégadonnées en SHS : des propositions exposant des études de terrain ainsi que des réflexions plus larges sur les enjeux des données massives dans des contextes spécifiques (réflexions théoriques, études de cas ou retours d’expériences) en lien, notamment, avec les aspects suivants :

Des approches épistémologiques, philosophiques et terminologiques sur les données massives et notamment sur la manière dont elles font évoluer le champ de l’information-documentation et ré-interroge les concepts fondamentaux. L’on peut notamment se demander si les données massives permettent de réinterroger les notions d’information, de données et de connaissances, ou si, à l’inverse, une perspective historique, prenant appui sur les auteurs fondateurs du champ de l’information-documentation, apporte un éclairage particulier sur les données massives et leur traitement.

L’éthique et le cadre juridique relatifs au recueil et à la manipulation de données. Si, techniquement, il est possible de collecter rapidement et massivement des données, notamment sur internet, le cadre éthique et légal du recueil de ses données massives demeure encore flou concernant le périmètre de la collecte, la nécessité d’anonymisation ou encore la protection des données.

Les outils et méthodes de traitement, d’analyse des données et de diffusion des résultats. Le changement d’échelle qu’implique l’analyse des données massives interroge les outils et méthodes de traitement. Analyser des corpus volumineux nécessite le choix d’outils et de méthodes automatisés dont sont, le plus souvent, peu familiers les chercheurs en SHS. Ces outils, s’ils simplifient le traitement des données ne permettent pas toujours de prendre en compte la finesse des analyses attendues en sciences humaines et sociales. Les procédures et systèmes de classification et d’organisation des connaissances seraient alors amenés à évoluer sous l’influence de la massification des données. Les outils de diffusion des résultats suscitent également des interrogations. Il en est ainsi, par exemple de la data visualisation, en vogue actuellement pour présenter les résultats des analyses de données. Cette représentation visuelle, qui a l’avantage de mettre en lumière des tendances massives, tend cependant à transformer “de vastes corpus de données complexes en une information synthétique et simple” simplifiant ainsi les résultats de l’analyse.

L’enjeu social et économique des données au prisme notamment des usages qui en sont faits. Pour le secteur marchand, l’exploitation des mégadonnées présente un intérêt commercial alors que pour les pouvoirs publics, elle résulte d’une volonté politique de rapprochement du citoyen et des institutions ou peut être entendue comme un outil de pilotage qui permet d’infléchir les politiques publiques. Le chercheur peut alors s’interroger sur les usages qui sont faits des données massives, sur l’articulation entre la place des institutions publiques et le rôle d’entreprises privées dans la production, le partage ou l’appropriation des données, ou encore sur le difficile équilibre à trouver entre ouverture des données publiques et protection de la vie privée. Par ailleurs, l’on pourrait on pourrait analyser les nouvelles approches notamment sur le plan des implications sociales et socio-économiques. L’on pourra se demander si le principe ou le prisme d’économie de la qualité peut offrir des points d’appui et des notions intéressant la valeur de la quantité, et si la distinction opérante en SHS entre quantité et qualité se voit réinterrogée et sous quelles formes à propos des big data.

La diffusion et la médiatisation des données pourront être interrogées sous l’angle des dispositifs de publicisation des sciences et des données scientifiques sur le web. Ce pourra être également l’occasion de s’intéresser aux enjeux info-communicationnels dans les espaces publics, économiques et scientifiques.

Les rapports entre big data et productions symboliques et, sur le versant scientifique, les les interrogations et orientations en lien avec les industries créatives. Entre connaissance fine des mouvements du marché de l’art et facteur d’influence de ces mêmes mouvements, ce que permettent les données massives témoigne de conditions nouvelles dans l’appréciation, voire la régulation, de la valeur. Quelles configurations se construisent dans ces secteurs ? Par ailleurs, repères, témoins ou agents des pratiques, les données sont également sollicitées dans la recherche sur l’art actuel et l’histoire de l’art contemporain, apportant des matériaux à collecter, trier, analyser.

 

[1] Dominique Boullier, « Les sciences sociales face aux traces du big data. Société, opinion ou vibrations? », Revue française de science politique 2015/5 (Vol. 65), p. 805-828. DOI 10.3917/rfsp.655.0805

[2] Célia Zolynski, « Big data : pour une éthique des données », I2D – Information, données & documents 2015/2 (Volume 52), p. 25-26.

 

Calendrier

7 janvier 2019 : date limite de réception des propositions (7500 signes maximum, format Word)

Chaque proposition sera examinée par au moins deux évaluateurs du Comité scientifique, qui évalueront sa pertinence, sa validité scientifique, son originalité et la clarté de sa présentation.

11 février 2019 : date de notification d’acceptation ou de refus.

La notification d’acceptation sera envoyée, accompagnée des spécifications techniques pour la publication. Celles-ci seront à respecter impérativement en vue de la publication des actes. Des demandes de modifications des textes pourront être formulées aux auteurs.

15 mai 2019 : date limite de réception des versions complètes

Les auteurs retenus adresseront les communications sous forme d’un texte complet. Le texte de la communication devra parvenir au comité de programme : colloque2019@isko-france.asso.fr sous sa forme définitive (format Word, 30 000 signes maximum).

1er juillet 2019 : retour aux auteurs pour d’éventuelles modifications.

20 août 2019 : date limite de réception des versions définitives.

10 septembre 2019 : date limite d’inscription au colloque pour au moins l’un des auteurs. L’acceptation d’une communication implique que l’un, au moins, des auteurs soit présent au colloque pour assurer sa présentation.

Dernière mise à jour : 09/10/2018